Par frère Louis Cinq-Mars, ministre provincial
Le printemps, on peut dire qu’on l’a vraiment attendu cette année ! On n'y croyait plus. Pourtant, il y a quelques semaines, les premiers vols d’oies blanches sont passés, de nuit, au-dessus de notre fraternité du quartier Saint-Michel à Montréal. Où allaient-elles trouver nourriture et repos en plein milieu urbain ?
Pour dire vrai, je ne les attendais plus et leur cri a ranimé en moi la confiance que le printemps se cachait sous la neige. Que nous enseignent ces volées d’oies blanches qui traversent le ciel à chaque printemps ?
Derrière l’oie capitaine !
« Elles arrivent au printemps sur les ailes du vent, par les routes de l’air » chante le groupe Mes aïeux. Je les devine fatiguées mais encore capables d’avancer parce qu’elles comptent les unes sur les autres « toutes unies à la chaîne derrière l’oie capitaine qui connaît le chemin ». Ni l’hiver qui s’étire et ni les distances encore à parcourir ne les effraient. Elles s’envoleront de nouveau, encore plus au nord, vers la toundra où elles trouveront à se nourrir.
Je n’ai pas de connaissances spécifiques sur les oies blanches ni sur les bernaches, mais je suis fasciné par leur esprit d’équipe qui permet d’aller plus loin, de partir et de repartir à nouveau. Elles savent que l’isolement ou l’illusion d’une autonomie totale les conduira à la mort. Elles savent que la force de l’une viendra adoucir la fatigue de l’autre.
Elles nous enseignent que nous ressentons notre fragilité et notre fatigue plus douloureusement lorsque nous ne comptons plus les uns sur les autres. Lorsque nous oublions que nous sommes interdépendants avec tout ce qui est créé, lorsque nous nous isolons de la communauté, des amis ou des voisins, le découragement et même le cynisme nous menacent. Ne risquons-nous pas alors d’errer ?
Le Christ est notre « oie capitaine » ! Il connaît le chemin pascal pour sortir de la morosité de l’hiver et de la tristesse des échecs. Par sa résurrection il nous dit que la vie trouve toujours une issue au-delà des obstacles et des défaites.
«À chaque nouveau passage des volées d’oies sauvages, j’entends comme un appel : une voie qui me répète que malgré les défaites on a encore nos ailes». Pour nous croyants, ces ailes sont l’espérance et la confiance en la présence bienveillante de Dieu qui saura nous guider quel que soit le chemin à parcourir.
Demeurons groupés derrière notre oie capitaine, le Christ Jésus !
Frère Louis Cinq-Mars, capucin
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