Vie de prière humble
Les premiers frères capucins, à l’exemple de François, passaient de longues heures en prière dans la solitude. Ils donnaient la priorité à la prière intérieure, à l’oraison, à laquelle ils consacraient trois ou quatre heures par jour. Ils aimaient se retrouver en ermitage, à la limite de la ville, pour développer un regard plus large sur la réalité, le regard de Dieu même !
Nous sommes invités à devenir des hommes de prière comme François, un homme devenu prière. Nous cherchons à développer un regard contemplatif sur le monde, y discernant l’action cachée de Dieu :
«
Faisons-lui toujours, en nous, un temple et une demeure: pour lui, le Seigneur Dieu tout puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, qui nous dit: Veillez et priez en tout temps ! Adorons-Le d’un coeur pur, car il faut prier toujours sans jamais se lasser. »
(Première règle de Saint-François, chapitre 22)
« Le frère mineur est celui qui contemple en premier lieu un Dieu qui se fait mineur dans la crèche, sur la croix et dans l’eucharistie et qui jamais ne perd de vue ses soeurs et ses frères – spécialement les plus pauvres – comme toute la création » (VIIe Conseil Plénier de l’Ordre)
La prière est au coeur de nos vies. Nous sommes des contemplatifs mais pas pour autant des cloîtrés. L’oraison silencieuse donne un accent contemplatif au regard que nous portons sur les autres et sur nos engagements.
« Notre prière est vraiment une prière de mineurs quand nous vivons unis au Christ humble et pauvre, présentant au Père le cri des pauvres et partageant effectivement leur conditions de vie. » (Constitutions 46)
Vie de fraternité évangélique
Les Frères et Fraternités locales
Pour l’ensemble des 11,000 frères présents dans 99 pays différents appartenant à l’Ordre des Frères Mineurs Capucins, la vie en fraternité, se réalise en premier par le partage de la vie de tous les jours à l’intérieur d’une fraternité locale.
Notre Ordre compte plus de 800 fraternités locales, composées au minimum de 3 frères. En général le nombre des frères dans une fraternité locale se situe entre 5 et 12. Le fait de dépasser 30 est une rare exception.
La fraternité locale vit la prière en commun, mange à la même table et partage les responsabilités que nécessite une vie commune, ainsi que les services qu’elle doit à la population au milieu de laquelle elle vit. L’aide fraternelle, la communauté des biens, et le partage avec les personnes du voisinage, sont les aspects essentiels de la vie en fraternité. La coordination de la vie fraternelle est confiée à un « gardien », assisté d’un vicaire. Mais tous les frères prennent part à l’organisation et à l’enrichissement de la vie communautaire, au moyen de réunions régulières, appelées chapitres locaux.
L’habit religieux, la Règle et les Constitutions de l’Ordre
Fraternités Régionales
Les fraternités locales forment ensemble, un réseau de communion, en un territoire défini qui constitue, une circonscription de l’Ordre. La circonscription typique est appelée « province ». Cependant, à partir de certains critères – qui tiennent compte du nombre de frères, de la date de l’implantation, du niveau de développement et de ses capacités d’autonomie – ces circonscriptions peuvent s’appeler : vice-provinces, custodies ou délégations.
Les délégations représentent le début d’une province organisée, en un territoire déterminé. Par voie de conséquences, les fraternités qui la composent sont encore sous l’autorité de la province dont les frères sont originaires.
Mais le réseau des fraternités locales qui forment les custodies, ou la vice-province, ont toujours un gouvernement propre élu par le chapitre de la circonscription. Ces chapitres qui ont lieu tous les trois ans peuvent réunir tous les frères de la circonscription ou encore les délégués des fraternités locales: Il appartient à chaque circonscription de choisir l’une ou l’autre manière de faire. Le chapitre est la plus haute autorité de la circonscription. En conformité avec la Règle de Saint François et des Constitutions de l’Ordre, il appartient au chapitre de régler les questions qui concernent la vie fraternelle sur les territoires respectifs, et également d’élire ceux qui auront la charge de gouverner, à savoir: un « ministre » et quatre conseillers. Ces conseillers sont traditionnellement appelés « définiteurs ». Le ministre – ou serviteur de la fraternité – et ses conseillers sont élus pour trois ans. Le mandat du ministre peut être renouvelé pour trois ans de plus. Mais chaque trois ans doivent être changés au moins deux conseillers sur quatre, pour le gouvernement de la fraternité.
Chaque province a une grande autonomie dans l’organisation de sa vie et des services qui lui reviennent. C’est la province qui est responsable pour l’admission des candidats à notre forme de vie, comme pour sa formation religieuse et professionnelle.
Dans notre ordre quelques frères deviennent prêtres, après avoir fait le chemin de formation exigé par l’Église pour se préparer à ce ministère. Les autres assument intégralement leur vocation de Frères Mineurs, en demeurant laïcs. C’est la profession de la Règle de Saint François et les voeux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance qui nous réunissent en fraternité. Le sacerdoce ne crée pas de différence entre nous. Selon les termes de notre législation, tous les frères qui ont émis leur profession perpétuelle ont les mêmes droits dans l’Ordre et peuvent être élus à toutes les charges nécessaires au bien commun de la fraternité.
Les dimensions des Provinces peuvent varier, allant actuellement de moins de trente à plus de 300. Pour préserver le climat fraternel et éviter l’anonymat bureaucratique, une province très grande peut décider de s’articuler en régions plus petites, et par là même, plus apte à un partage plus familier. Parallèlement quand une Province est trop petite pour se gouverner et se développer, elle peut s’unir à une autre province pour former avec elle une province plus vigoureuse.
Dans chacune des grandes région du monde, les provinces sont groupées en « conférences ». Cette structure régionale, en raison de la langue, de la culture et d’autres facteurs sociaux rend plus facile la collaboration en des secteurs d’intérêt communs.
La Fraternité Mondiale
Comme les provinces et les autres circonscriptions sont des réseaux de fraternités locales, ainsi l’Ordre au niveau mondial, peut être défini comme un réseau de provinces, vice-provinces, custodies et délégations, dont l’animation est à a charge du Ministre Général aidé par huit conseillers (définiteurs généraux »).
Le Ministre Général et ses conseillers sont élus durant le chapitre général de l’Ordre, qui a lieu tous les six ans. Le chapitre général réunit les ministres de toutes les provinces et vice-provinces, et également, un certain nombre de délégués des provinces plus nombreuses et des custodies.
Au delà de l’élection du Ministre Général et de ses conseillers, qui doivent être choisis dans chacune des grandes régions du Monde, le chapitre général se doit de traiter de tous les problèmes de l’Ordre et d’actualiser notre législation, afin qu’elle corresponde à tous les besoins de l’Église et au développement de la société.
Durant les six ans de son mandat, le Ministre Général s’efforce de visiter toutes les circonspections de l’Ordre et dans la mesure du possible tous les frères. Ses conseillers, plus fréquemment visiteront les régions dont ils sont les représentants, et pour lesquelles ils ont reçus une responsabilité particulière. Leur souci constant sera d’encourager le développement local et sa diversité, tout en préservant la cohésion et l’unité. Ils devront avoir également une attention toute particulière à leurs besoins, soit en personnel, soit en moyens matériels, faisant appel, si nécessaire, à la solidarité de l’Ordre.
Pour attirer l’attention sur des questions centrales concernant la vie de l’Ordre, le Ministre Général peut convoquer un conseil temporaire plus nombreux, appelé Conseil Plénier de l’Ordre. Les C.P.O. qui se sont réunis jusqu’à maintenant ont traité des thèmes comme : l’oraison, les missions, la formation, notre présence dans le monde et la pauvreté évangélique vécue en fraternité. En 2004 le septième C.P.O. a traité de « notre vie fraternelle comme mineurs ».
Être frères est l’expression fondamentale de notre appartenance à l’Ordre. Dés lors, nous sommes une famille extrêmement diversifiée, à la fois unis et différents par tant de cultures, de situations politiques, économiques et sociales différentes qui, pour une grande part sont le reflèt de la très grande richesse de l’humanité, à laquelle nous même, présents en tant de lieux, nous appartenons. Mais nous partageons tous la tradition franciscaine comme histoire commune et intime; nous sommes unis à des institutions anciennes, que nous adaptons conformément aux nécessités de notre développement. En outre, nous avons tous décidé de vivre « selon la forme du Saint Évangile »: servir le Seigneur et nos frères en solidarité et en Paix. Dans l’oraison et le partage quotidien de nos fraternités locales, il existe toujours un espace ouvert pour ceux de nos frères qui viennent d’autres parties du monde, de manière que, s’ils viennent à nous ils se trouvent au milieu de nous comme leurs propres et véritables frères.
« Moi, je travaillais de mes mains, et je veux travailler; et tous les frères, je veux fermement qu’ils s’emploient à un travail honnête. »
François
Vie au service de tous
«
« Les frères doivent se réjouir lorsqu’ils sont parmi des gens de basse condition et méprisés, des pauvres et des infirmes, des malades et des lépreux, et des mendiants des rues. » (Première règle de Saint-François, chapitre 9)
Les premiers frères capucins ont insisté sur la vie contemplative, en particulier sur l’oraison et la prière commune. En même temps, ils répondent aux appels de l’Église et du monde. Au risque de leur vie, ils soignent les victimes de la peste ; puis, en s’installant dans les grandes villes d’Italie, ils se mettent au service des malades et des incurables dans les grands hôpitaux. Ainsi se développe la forme de vie originale de notre Fraternité: nous sommes à la fois des contemplatifs et des actifs . Nous sommes des hommes au service de tous par la prière et l’action !
Nous n’avons pas été fondé en vue d’une tâche précise comme l’enseignement, la santé ou les communications. Notre mission est de vivre la fraternité en mettant nos dons et nos qualités personnelles au service de tous, au service de l’Église et de l’humanité, en particulier des pauvres. Notre passion est de témoigner de l’Évangile par l’action et la parole mais surtout par l’action de la Parole de Dieu dans nos propres vies! Contemplation, compassion et présence résument notre vie.
«
« Nous étions des gens simples, et nous nous mettions à la disposition de tout le monde. » (Testament de saint-François)
Nos engagements
«
« L’Esprit Saint a suscité saint François et sa fraternité apostolique pour répondre aux nécessités les plus urgentes de l’époque et mettre toutes ses forces au service de la mission de l’Église, principalement auprès de ceux qui avaient le plus grand besoin d’entendre le message évangélique. Docile à l’esprit du Seigneur et à son action sainte, notre Fraternité accomplit son service dans l’Église en travaillant à l’évangélisation par l’action et la parole. » (Constitutions des Capucins)
Aujourd’hui nos engagements sont variés et témoignent de la diversité des dons des frères de notre Fraternité. Des frères sont engagés dans l’animation pastorale de sanctuaires (voir Liens), de paroisses ou en milieu carcéral et hospitalier ; d’autres sont engagés dans des organismes communautaires, les mouvements sociaux ou l’aide aux personnes dans le besoin; d’autres encore dans l’enseignement, la prédication ou l’animation de mouvements d’Église.
À l’exemple de François d’Assise et des premiers frères, nous désirons vivre du travail de nos mains :
« Moi, je travaillais de mes mains, et je veux travailler ; et tous les frères,
je veux fermement qu’ils s’emploient à un travail honnête. »
nous rappelle-t-il dans son Testament. À son exemple aussi, nous sommes appelés à aller vers ceux et celles qui sont en marge de la société ou que l’Église ne rejoint pas. « Au temps de François, la société était marquée par la lutte pour la domination sociale qui engendrait beaucoup de violence. Après sa conversion, il s’est orienté vers la périphérie de la société d’Assise et fit le choix de vivre parmi les mineurs et les marginaux. » (CPO VII, 6)
Vie missionnaire
«
Voici ce que François écrit aux frères qui partent en mission à l’étranger :
« Les frères qui s’en vont ainsi peuvent vivre spirituellement de deux manières. Une manière est de ne faire ni disputes ni querelles mais d’être soumis à toute créature humaine à cause de Dieu et de confesser simplement qu’ils sont chrétiens. L’autre manière est, lorsqu’ils voient que cela plaît au Seigneur, d’annoncer a Parole de Dieu pour qu’ils croient au Dieu tout puissant, Père, Fils et Saint Esprit »
(Première Règle chapitre 16)
Mission à l’étranger
Dès les tous débuts, la mission à l’étranger occupe une grande place dans le cœur de François ; elle fait même partie de notre règle de vie. Lui-même ira rencontrer le sultan Malik al-Kamil (voir François rencontre le sultan) et les premiers frères iront prêcher jusqu’en Chine. Savais-tu que le premier évêque de Pékin était franciscain ?
Notre Fraternité provinciale a aussi une riche tradition missionnaire; plusieurs frères ont consacré de nombreuses années de leur vie à l’annonce de l’Évangile en Inde, en Éthiopie, au Tchad et au Centrafrique. Récemment, des frères ont vécu des séjours missionnaires au Brésil et au Costa Rica. Au cours des prochaines années, il ne serait pas surprenant que des frères de notre Province soit appelés à soutenir l’implantation des capucins en Haïti.
Tchad
A 38 ans, mon Provincial m’a demandé de partir pour le Tchad prêter main forte à mes frères capucins qui travaillaient là en compagnie de frères français et italiens. J’ai passé 34 ans dans ce pays où j’ai surtout travaillé en paroisse, à la formation des frères tchadiens et à l’assistance spirituelle de l’Ordre Franciscain Séculier. J’ai aussi travaillé à la traduction du Nouveau Testament en langue Marba.
J’ai connu plusieurs années de guerre, au Tchad, et je retrouve la même situation ici.
Opposants au gouvernement, coupeurs de routes, et bandits de tout poil (aussi dangereux les uns que les autres) menacent continuellement. De sorte que prendre la route est toujours un danger…
Les villageois sont les premières victimes de ces brutalités, ils sont continuellement menacés. Cet état de choses ne fait qu’augmenter la pauvreté et la misère du pays; les collégiens et lycéens avec lesquels je suis en contact ont trop souvent le ventre vide et se plaignent du manque d’argent pour payer leurs redevances scolaires.
Centrafrique
Il y a trois ans, on m’a demandé de venir en Centrafrique pour vivre avec des frères italiens et polonais, dans notre maison de formation de l’après-noviciat. C’est ici que je vis actuellement avec 29 jeunes frères capucins centrafricains et tchadiens.
Étant le seul francophone de l’institution, je me dois de surveiller la qualité du français. J’occupe mon temps à l’écoute des frères et à la correction des devoirs. Je travaille aussi avec des jeunes collégiens et lycéens : accompagnement spirituel, groupe d’aspirants à la vie capucine, animation de retraites…
Je aussi assistant spirituel de l’Ordre Franciscain Séculier pour le diocèse, cela me vaut deux ou trois voyages chaque année pour visiter les fraternités ; jusqu’à 250 km sur des routes que je qualifierais de lunaires.
Que faire dans de telles circonstances ? Écouter, sympathiser… C’est ce que j’essaie de faire chaque jour : représenter l’amour de Dieu pour les hommes.
frère Jean-Charles Côté, capucin