Par Frère Louis Cinq-Mars OFMCap
Chers frères, parents, amis et amies des Capucins,
Qui aurait prédit que notre montée vers Pâques cette année prendrait un chemin aussi inattendu qu’inexplicable ?
Le désert que nous traversons n’est plus une image : il est celui de l’inquiétude pour nos proches, de l’anxiété face à l’avenir, de la distanciation physique ou de l’isolement accentué par les mesures de confinement devant la diffusion rapide du coronavirus COVID-19.
Et pourtant, les voiliers et les cris de salutation des outardes ne mentent pas : le printemps arrive ! Et pourtant, notre foi l’atteste, Pâques est tout proche ! Nous entrons dans cette semaine entre toutes les semaines, cette semaine au cours de laquelle nous pouvons retrouver le courage de tout traverser en suivant les traces et l’exemple du Christ Jésus.
Une semaine pour vivre les événements et non les subir
Cette pandémie est une réalité mondiale qui, nous le savons, fera des milliers de victimes parmi les populations les plus vulnérables et les plus pauvres et la peur peut nous paralyser ou nous empêcher de puiser aux sources profondes que sont la confiance en Dieu et la conscience de notre commune humanité. L’exemple de Jésus, particulièrement au moment de sa passion, nous aide à vivre l’obéissance sereine et convaincue à la réalité.
Jésus ne subit pas sa passion, il la vit librement et tendu vers l’avant, ancré dans son identité de Fils Bien-Aimé, dans sa mission de salut et dans la confiance que, quoi qu’il arrive, Dieu ne l’abandonnera pas. Laissons-nous inspirer par son exemple afin de vivre ce temps de pandémie pleinement et non seulement le subir. Ne sommes-nous pas nous aussi les bien-aimés de Dieu qui nous assure de sa présence ?
Une semaine pour choisir l’essentiel
Ce temps d’épreuve, rappelle le pape François, est un temps de choix.[1] C’est le temps du jugement ; non pas le jugement de Dieu mais le nôtre. C’est le temps de choisir ce qui importe et ce qui passe, de séparer ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas. C’est le temps de choisir le trésor des relations humaines et de vivre l’instant présent ; vivre le temps comme un don, comme un moment où Dieu se manifeste et non plus sous la tyrannie du chronomètre.
C’est aussi une semaine pour choisir la solitude plutôt que de subir l’isolement qui est absence de relations. La solitude conduit à explorer ma propre intériorité et à écouter les bruits et les voix parfois contradictoires qui m’habitent. Elle exige de choisir ce que je laisse entrer dans ma conscience et mon cœur. À l’exemple de Jésus, vivons cette solitude sous le regard bienveillant de Dieu.
Une semaine pour nous préparer au surgissement d’une Vie inespérée
Vivons avec intensité ce moment présent en hommes et femmes de foi qui savent que les forces de vie ouvriront toujours un chemin ; en hommes et femmes qui refusent le repli sur soi et la peur de l’autre mais qui, au contraire, apprennent à compter les uns sur les autres.
Portons ensemble cette question : qu’est-ce que le Christ Jésus, le Ressuscité qui rejoint ses disciples abattus à travers les portes fermées, attend de nous maintenant ? Ne nous laissons pas détourner de la lumière du Ressuscité par les ténèbres qui semblent vouloir couvrir le monde. Restons unis à la source de paix et de fraternité qu’est le Christ Jésus car il n’est rien, non rien !, que nous ne puissions traverser avec Lui.
Frère Louis Cinq-Mars OFMCap
Ministre provincial
Province du Sacré-Cœur de Jésus
[1] Pape François, Prière pour la fin de la pandémie, 27 mars 2020.
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