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Quand la Mort devient sœur : le « Transitus de saint François » selon Gerardo Dottori

Frère André Chicoine, capucin


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Dès la première fois, et encore aujourd’hui, je reste fasciné par cette représentation du « Transitus » de l’artiste futuriste pérousin Gerardo Dottori. Le triptyque « La Mort de saint François devant la Portioncule » fut réalisé dans son atelier en 1923, dans le cadre des recherches qu’il menait alors sur l’art sacré au sein du mouvement futuriste.


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Au centre, l’œuvre représente La Mort de François ; à gauche, Saint François et le loup ; à droite, Le Sermon aux oiseaux. Nous le trouvons aujourd’hui dans le couvent du XVe siècle de San Francesco al Monte, à Monteripido, Pérouse. Pour nous,  c’est le panneau central qui importe. 


Le corps de saint François repose paisiblement sur les collines d’Ombrie, enveloppé par une série de rayons lumineux émanant de       la Portioncule. Oui, c’est bien de cette petite chapelle de Notre-Dame-des-Anges qu’il s’agit, rappelant le berceau de la vie franciscaine : François, avec ses premiers frères, y a façonné une existence fraternelle, et un peu plus tard, ils y ont accueilli Claire. 


François apparaît dans ce décor éthéré de la vallée ombrienne, allongé comme dans un hamac de lumière. Il goûte cette paix intérieure que procure le don total de sa vie à son Seigneur, paix qui régénère « ce pèlerin et étranger ». Ici, la vie devient Vie.


En lien avec le Cantique des créatures, le Poverello est en parfaite symbiose dans ce cadre « christique » : le Créateur, en envoyant son Fils parmi nous, redonne son sceau divin à la création grâce au souffle de l’Esprit. « Par Lui, avec Lui et en Lui » ! Tout devient eucharistie.


Si saint Augustin nous parle de la Cité de Dieu, François, lui, nous offre une cité franciscaine en Dieu : l’être humain en communion avec toute la création, qui proclame avec gratitude : « Loué sois-tu, mon Seigneur ! ». Et sainte Claire, à la fin de sa vie, pouvait s’exclamer : « Loué sois-tu, Seigneur, de m’avoir créée. » 

Être artisan de paix, comme le Pauvre d’Assise l’a voulu, demeure une tâche exigeante!

Le 3 octobre nous interpelle toujours. Le Poverello n’a pas subi la mort : elle est devenue sa sœur. François célébrait ainsi ce qu’il avait vécu tout au long de son séjour terrestre : demeurer en communion avec son Seigneur, qui lui permettait de s’offrir dans l’Inconnu divin. Être artisan de paix, comme le Pauvre d’Assise l’a voulu, demeure une tâche exigeante : c’est l’apprentissage long et persévérant de regarder et de travailler comme Lui, avec Lui et en Lui, à chaque instant de la vie. C’est, en somme, vivre en communion avec les frères et les sœurs, et en relation avec toute la création. C’est devenir architecte de ponts dans une société éclatée, et promoteur spirituel au sein d’un monde fragmenté par le matérialisme.


L’œuvre de Dottori nous invite à respirer une bouffée d’oxygène dans le contexte social actuel, tout comme François d’Assise nous  le propose par son témoignage. Lui qui avait nourri de nobles aspirations pour édifier une société plus humaine, il reconnut un jour que seule la confiance placée dans le Père des cieux pouvait combler ce désir.  En découvrant le Christ, il sut mener à bien ces élans en fondant une fraternité universelle, entre les humains et avec la création tout entière.


En découvrant le Christ, il sut mener à bien ces élans en fondant une fraternité universelle, entre les humains et avec la création tout entière.
«Transitus»/ frère Guy Bruneau, capucin
«Transitus»/ frère Guy Bruneau, capucin

 
 
 

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